Pourquoi l’offre faite par
Ghanouchi a Caid Essebsi est elle dangereuse ?
Plus de 1000 personnes tuées et plus de 2000 (on parle de
8000) partisans des partis islamistes arrêtés en Egypte
Les islamistes hier au pouvoir, reprennent leurs vieux
reflexes et vivent de nouveau dans la clandestinité évitant les moyens
d’interception de leurs conversations téléphoniques ou courriers électroniques
de la part de l’armée
Si cette situation est désolante et déplorable, il n’en
demeure pas moins, que j’aimerai faire un parallèle suite aux derniers évènements
politiques qui ont eu lieu chez nous
Rached Ghanouchi, lors de sa dernière allocution télévisée
sur une chaine connue pour être proche de Nida Tounes, et suite aux mots
enjoliveurs qu’il n’a cessé d’avoir vis a vis de son ennemi d’hier, a opté, a
mon sens, pour un changement de stratégie suite, justement, a ces évènements vécus
en Egypte et des risques que peuvent encourir les islamistes chez nous si
jamais ils quittaient le pouvoir contraints par une révolte populaire soutenue éventuellement
par les forces armées du pays… même si ce scénario semble très éloigné chez nous
S’il est vrai que ce rapprochement hors nature, pourrait
peut être contribuer a apporter une certaine accalmie au pays et lui éviter un scénario
violent, il n’en demeure pas moins que cette action est une seconde usurpation
de ce que nous avons cru, naïvement, être une révolution puisque les forces
politiques qui ont véritablement combattu les régimes autoritaires successifs
de Bourguiba et de Ben Ali, se retrouvent en dehors de ce paysage, ou du moins
feraient partie du décors.. du moins dans la configuration actuelle des
alliances qui sont en train de se construire.
Ma lecture des évènements, m’amène a penser que Rached
Ghanouchi n’a pas du tout opté de gaieté de cœur, pour ce choix très douloureux
pour lui et qui va a l’encontre même de son rêve ni dans l’intérêt du pays,
mais dans son propre intérêt et celui de la confrérie déjà très grandement fragilisée
en Egypte
Ghanouchi et son état major ont un projet pour la Tunisie
et ce projet n’est pas civil
Nous les avons vu contrer, lors de la rédaction de la
constitution, tout ce qui avait trait aux libertés, aux égalités et aux notions
fondamentales de la République
Et s’ils ont cédé sur plusieurs sujets et notamment la
Charia, c’est a chaque fois sous la pression populaire et celle de la communauté
internationale qui faisait miroiter la fermeture des robinets (tiens,
l’eau ?)
Pour moi, le cheikh, ne fait que reculer pour mieux
sauter plus tard
Son action vise a encore mieux organiser ses troupes,
avoir une meilleure maitrise du fonctionnement de la police, de l’armée et de
l’administration, en vue de mieux les contrôler et se les aliéner. Objectif
qu’il est encore loin d’avoir atteint
Je pense, et j’espère, que Beji Caid Essebsi est
conscient de cela et en tient compte dans ses calculs dans l’éventualité de ce
rapprochement qui se dessine encore d’avantage chaque jour.
La sortie de crise, passe inévitablement par des
concessions.
Il en est ainsi de n’importe quelle crise
Mais si le prix a payer pour Ennahdha est de quitter le
gouvernement et en même temps garder le contrôle de l’Assemblée et des différents
postes qu’elle occupe actuellement au sein de l’administration, la il est indéniable
qu’ils auront un répit pour mieux instaurer leur système hégémonique plus tard
Faire confiance a Ennahdha avec ses différentes
composantes allant de l’islamiste de base au salafiste Jihadiste est un risque
que les progressistes tunisiens ne devraient pas prendre sans s’assurer du mode
de fonctionnement des différentes institutions du pays, sans avoir liquidé et
de manière définitive ces Ligues de Protection de la Révolution, s’assurer de
la neutralité des mosquées et en faire des lieus réservés uniquement au culte,
et sans avoir vidé l’administration de ces centaines de responsables qui ne
doivent leur présence aux postes qu’ils occupent que juste parce qu’ils sont
fidèles a Ennahdha
Cela fait des dizaines d’années que les islamistes
attendent ce moment
Ce n’est pas lorsqu’ils ont atteint le pouvoir, de
manière démocratique de surcroit, qu’ils laisseront tomber leur projet
Il ne s’agit en tous les cas pas de sortir d’une crise,
pour se retrouver a la fin prisonnier d’un système hégémonique dont le
référentiel est un livre sacré qu’ils s’amusent a interpréter au gré des
besoins du moment