10 ans après, quel bilan pour la famille « progressiste » ?
2020 est parti avec son bilan.
Mais au-delà, quel bilan tirer d’une expérience démocratique de 10 ans.
10 ans après, ou en est le camp des forces qui se disent progressistes et quelles responsabilités avons-nous les uns les autres dans les conséquences de cette gestion politique avant tout, qui a mené le pays a ces difficultés économiques terribles et qui a permis à des personnes comme Kais Said , Abir Moussi ou encore moins Seifeddine Makhlouf d’occuper les devants de la scène ?
Il n’est point besoin de trop disserter pour dire que la raison première a cette débâcle du camp, appelons les civilistes, - vu qu’il n’est pas tout à fait idoine de dire qu’il soit progressiste ou moderniste- est cette facilité avec laquelle certains sont arrivés au pouvoir et leur manque de courage de mener à bon port les idées progressistes qu’ils portent naturellement dans leurs gènes (bourguibistes).
Deux raisons que les diables d’islamistes ont vite fait de détecter et ont fait en sorte que ceux qui se devaient d’être leurs ennemis deviennent leurs meilleurs alliés et même défenseurs.
Feu Beji Caid Essebsi de son propre aveu, n’a-t-il pas pris son bâton de pèlerin pour blanchir les islamistes auprès des institutions internationales leur affirmant que ceux qui n’hésitaient pas à poser des bombes pour prendre le pouvoir, se sont repenti et ont choisi la voie de la République civile mettant de côté leurs idéologies islamistes ?
Citons-les sans trop de détours ceux qui ont été aux commandes et qui ont permis a Ennahdha de demeurer toujours aux premières loges malgré leurs pertes de popularité électorales au fil des années. Ils ont tous juré de ne pas travailler avec les islamistes :
1- Ettakatol et Mustafa Ben Jaafar qui le premier a permis aux islamistes de porter le costume et la cravate faisant croire au monde que l’habit fait le moine. En s’associant à eux, lui le progressiste issu de la famille des droit de l’hommistes et l’internationale socialiste, il leur a ouvert grand les portes d’un carnet d’adresses et en particulier français, de personnes auxquelles ils n’auraient jamais eu accès . Acte 1 du blanchiment
2- Je ne dirai pas Nidaa Tounes, mais plutôt Beji Caid Essebsi. Alors qu’il a gagné toutes les élections en 2014, Beji Caid Essebsi a choisi non pas uniquement de s’allier à Ennahdha arguant pour cela du système politique en place, mais d’en faire de véritables partenaires et alliés. Rappelons-nous uniquement la coordination parfaite entre les deux groupes parlementaires, celui de Nidaa et celui d’Ennahdha au sein du parlement ou encore la participation de Beji Caid Essebsi au congrès d’Ennahdha et celle de Rached Ghanouchi au simulacre de congres de Nidaa Tounes a Hammamet. Acte 2
3- Tahya Tounes. Parti au pouvoir grâce au fameux pacte de Carthage qui suite à l’éviction de Habib Essid a désigné Youssef Chahed Chef du Gouvernement. Quelques mois après sa désignation Chahed a vu son propre parti dirigé par le fils du Président de la République vouloir l’évincer. Le système politique étant ce qu’il était et afin de ne pas permettre la motion de censure au parlement, l’alliance avec le parti islamiste devint réalité. Acte 3
4- Nabil Karoui et Qalb Tounes. Certains diront que c’est parce qu’il voulait se protéger de la justice. Mais Karoui n’est-il pas derrière la rencontre historique de Paris qui a réuni Ghanouchi et Beji Caid Essebsi ou encore derrière ces fameuses rencontres cherchant à trouver un grand père commun aux islamistes et aux civilistes ? Quoi qu’il en soit, Nabil Karoui en installant Ghanouchi a la tête du parlement termina l’acte 4 de la prise de pouvoir des islamistes sur l’instance la plus importante du système politique tunisien.
A chaque acte, Ennahdha qui paraissait faiblir au point d’être achevée, soit par l’assassinat de Chokri Belaid, la chute de Morsi en Égypte ou tout simplement par la perte de sa popularité et le nombre de plus en plus faible au sein du parlement, trouva en la famille qui se dit moderniste un allié fort précieux.
Il n’est point besoin alors de trop s’attarder sur la montée en puissance de Abir Moussi qui garde un discours cohérent et constant envers les islamistes. Discours qui tenus auparavant par Beji Caid Essebsi, Mustafa Ben Jaafar ou Nabil Karoui leur permis les faveurs des urnes.
Nous voilà en 2020 avec une famille qui se revendique toutes bourguibistes, modernistes, progressistes totalement déchirées, éparpillées subissant la pire des défaites aux élections de 2019 et un parti islamiste qui se permet même le luxe d’avoir comme allié et exécutant de ses basses besognes, un groupe parlementaire dont les membres sont proches des mouvances radicales extrémistes bien représentés au sein du parlement.
L’acte 5 quant à lui aurait été le retour normal des choses et la victoire de la révolution dans le sens du progrès, le modernisme et de la démocratie.
Hélas, et de mon point de vue, ces échecs et trahisons répétées, ajoutées à une situation économique des plus critiques, freineront ce rêve
Bonjour Monsieur et Madame.
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